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Pollution lumineuse, oiseaux et zones humides

La pollution lumineuse correspond aux impacts négatifs sur l’environnement d’un excès de lumière artificielle, d’origine humaine, durant la nuit : comment affecte-t-elle les zones humides et ses espèces animales ? Et comment peut-on limiter cette pollution lumineuse ?

 

Les effets de la pollution lumineuse sur les espèces animales

La pollution lumineuse agit sur le comportement et l’activité des animaux, par exemple, le chant des oiseaux : s’il débute généralement à l’aube, la présence de lumière artificielle nocturne incite certains mâles à chanter plus tôt, parfois jusqu’à 2 heures avant le lever du soleil pour le Rouge-gorge ! Quant aux femelles, elles pondent plus tôt dans la saison : cela peut entrainer un décalage entre la présence des proies (insectes) et la période de nourrissage des jeunes.

 

Effet de l’éclairage artificiel de nuit sur le début du chant de l’aube chez cinq espèces de passereaux
(source : Kempenaers et al. – 2010).

Parmi les échassiers – que l’on retrouve notamment à Grand-Lieu, le Héron bihoreau et la Spatule blanche se nourrissent plus souvent la nuit ; les limicoles* s’alimentent, eux, de jour comme de nuit ; et les hirondelles sont particulièrement actives au crépuscule. Il existe donc une compétition naturelle entre ces espèces pour s’alimenter, que la présence d’éclairage nocturne va augmenter : les oiseaux qui se nourrissent de nuit auront une période d’alimentation plus courte ; à l’inverse, les oiseaux diurnes prolongeront leur activité de recherche de nourriture.

Jetons à présent un œil chez les amphibiens ! La lumière artificielle nocturne attire les insectes, source d’alimentation pour les amphibiens. Au printemps, lors de la migration nocturne des grenouilles et crapauds, on retrouve davantage d’individus écrasés sur les routes éclairées que sur les routes non éclairées. Par ailleurs, lorsqu’il est exposé à un éclairage artificiel, l’activité nocturne et le métabolisme du Crapaud commun diminue et il devient moins efficace pour capturer des proies.

La pollution lumineuse affecte donc la migration, la reproduction et la recherche de nourriture chez de nombreuses espèces animales.

 

Influences potentielles de la pollution lumineuse sur les oiseaux des zones humides qui se nourrissent d’insectes et autres invertébrés aquatiques et de poissons (source : Zapata et al. – 2019).

* Limicoles : petits oiseaux aux longues pattes se nourrissant sur la vase.

 

Les effets de la pollution lumineuse sur les zones humides

Les zones humides ne sont pas épargnées par cette pollution lumineuse – plus de la moitié du littoral européen est exposée à un éclairage artificiel nocturne – mais peu d’études ont été menées sur le sujet.

Les mares et rivières présentes en zones urbaines sont parfois éclairées en permanence à une intensité proche du lever ou du coucher de soleil. Cette pollution lumineuse augmente la mortalité des insectes et amphibiens nocturnes qui sont attirés par la lumière. De plus, la lumière artificielle nocturne simule les reflets de la lumière naturelle sur l’eau sur des surfaces artificielles brillantes telles que des vitres, des routes ou des voitures. Certains insectes aquatiques, comme les éphémères, pondent alors leurs œufs sur ces surfaces artificielles et non sur l’eau.

 

Essaimage massif d’éphémères la nuit au niveau d’un pont surplombant le Danube (Hongrie). Les femelles volent jusqu’aux lampes du pont : une partie d’entre elles se pose sur la route asphaltée pour pondre, tandis que les autres rejoignent l’essaim de plusieurs milliers d’individus autour des lampes (source : Száz et al. – 2015).

 

Comment limiter la pollution lumineuse ?

Des alternatives simples permettent d’éviter ou de réduire la pollution lumineuse : par exemple, des lumières de lampadaire LED directionnelles qui éclairent uniquement vers le bas – et non vers le ciel – et s’éteignent à une certaine heure ; ou des enseignes de magasins éteintes la nuit.

Et la bonne nouvelle, c’est que l’on peut également tous agir à titre individuel ! Par exemple, prendre l’habitude de fermer les volets de nos habitations lorsque la lumière est allumée le soir, afin de de ne pas diffuser notre lumière à l’extérieur ; bien éteindre la lumière lorsque l’on quitte une pièce ; préférer des ampoules moins puissantes, dont la lumière est moins intense et donc moins dérangeante. Il parait d’ailleurs que cela profite aussi au porte-monnaie et à l’environnement, alors pas besoin de se priver !

 

Et en bonus : une petite animation ludique pour en savoir plus sur les effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité !

Fig 7 - la biodiversite menacee par la pollution lumineuse ©OFB

 

Retour à l’article :
« La pollution lumineuse, un phénomène mondial »

 

 


  • Références :

    ecologie.gouv.fr
    Falchi, F., Cinzano, P., et al. (2016) The new world atlas of artificial night sky brightness. Science Advances, 2: e1600377.
    Falcón J., Torriglia A. et al. (2020) Exposure to Artificial Light at Night and the Consequences for Flora, Fauna, and Ecosystems. Frontiers in Neuroscience, 14: 602796.
    Gaston, K. J., Visser, M. E., Holker, F. (2015) The biological impacts of artificial light at night: the research challenge. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 370 (1667): 20140133-20140133.
    Hänel, A., Posch, T., et al. (2018) Measuring night sky brightness: Methods and challenges. Journal of Quantitative Spectroscopy and Radiative Transfer, 205: 278–290.
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    Kempenaers, B., Borgström, P. et al. (2010) Artificial Night Lighting Affects Dawn Song, Extra-Pair Siring Success, and Lay Date in Songbirds. Current Biology, 20 (19): 1735-1739.
    Kuechly, H. U., Kyba, C. C. M., et al. (2012) Aerial survey of light pollution in Berlin,Germany, and spatial analysis of sources. Remote Sensing of Environment, 126: 39–50.
    Kyba, C. C. M., Tong, K. P., et al. (2015) Worldwide variations in artificial skyglow. Scientific Reports, 5: 8409.
    Kyba, C. C. M., Kuester, T., et al. (2017) Artificially lit surface of earth at night increasing in radiance and extent. Science Advances, 3: e1701528.
    Pust, P., Schmidt, P. J., Schnick, W. (2015) A revolution in lighting. Nature Materials, 14 (5): 454–458.
    Száz, D., Horváth, G. et al. (2015) Lamp-lit bridges as dual light-traps for the night-swarming mayfly, Ephoron virgo: interaction of polarized and unpolarized light pollution. PLoS ONE, 10: e0121194.
    Touzot, M., Teulier, L., et al. (2019) Artificial light at night disturbs the activity and energy allocation of the common toad during the breeding period. Conservation Physiology, 7 (1): coz002.
    Van Grunsven, R. H. A., Creemers, R. et al. (2017). Behaviour of migrating toads under artificial lights differs from other phases of their life cycle. Amphibia Reptilia, 38: 49–55.
    Zapata, M.J., Sullivan, S.M.P., Gray, S.M. (2019) Artificial Lighting at Night in Estuaries—Implications from Individuals to Ecosystems. Estuaries and Coasts, 42: 309–330.

 

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