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Les espèces exotiques envahissantes au lac de Grand-Lieu

Le lac de Grand-Lieu vu du ciel © MDL - Jehanin
Le lac de Grand-Lieu vu du ciel © MDL - Jehanin

Début septembre 2023, l’IPBES – groupe d’experts international sur la biodiversité – a publié un nouveau rapport consacré aux espèces exotiques envahissantes. Impliquées dans 60% des extinctions animales et végétales au niveau mondial, elles représentent une menace croissante pour les écosystèmes et la biodiversité. Mais qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante ? Et en quoi affectent-elles particulièrement les milieux humides et le lac de Grand-Lieu ?

Qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante ?

Introduite par l’homme de manière volontaire ou involontaire, une espèce exotique envahissante (EEE) – ou espèce invasive – se développe sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle et en menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales.

Plus de 37 000 espèces exotiques ont été introduites par les activités humaines dans toutes les régions du globe : on en dénombre environ 200 nouvelles chaque année ! Attention : toutes les espèces exotiques ne sont pas envahissantes, certaines s’intègrent dans leur nouveau milieu sans affecter l’écosystème local. Mais plus de 3 500 de ces espèces ont un impact négatif et sont classées dans la catégorie des espèces exotiques envahissantes1.

Dessin d'humour sur les espèces exotiques envahissantes
©Greenberg OBVNEBSL

Depuis le 21e siècle, les EEE font partie des menaces les plus importantes pour la biodiversité, la santé humaine, l’alimentation… mais aussi l’économie ! En 2019, le coût économique mondial des EEE représentaient plus de 423 milliards de dollars1 !

Les milieux humides particulièrement menacés par les espèces exotiques envahissantes

Les milieux humides sont particulièrement impactés par les espèces exotiques envahissantes : en raison de la grande biodiversité de ces espaces, d’une part, de nombreuses espèces sont ainsi affectées par les EEE ; d’autre part, parce que la circulation de l’eau favorise celle des EEE d’un territoire à l’autre ; enfin, les milieux humides sont fortement utilisés par l’homme – car ils lui rendent de nombreux services – et les activités humaines favorisent le développement des espèces exotiques envahissantes.

Dessin d'humour sur les espèces exotiques envahissantes : le Xénope lisse
Les activités humaines et la circulation de l'eau favorisent la propagation des espèces exotiques envahissantes ©LIFE-CROAA

La biodiversité des milieux humides de la planète diminue à un rythme plus rapide que celle des écosystèmes terrestres2, ce qui en fait une priorité absolue en matière de conservation et de gestion durable3. L’introduction d’espèces exotiques envahissantes dans ces milieux augmente, tout comme la gravité de leurs impacts : perte ou modification de l’habitat, propagation de maladies, déclin des populations indigènes, réorganisation des communautés, perte de variabilité génétique et déclin de la biodiversité, entre autres.

L’introduction intentionnelle d’espèces exotiques d’eau douce a considérablement augmenté avec la mondialisation du commerce et les progrès technologiques à partir du milieu du 19e siècle.

Nombre d’entre elles ont été introduites volontairement par l’homme, comme ressource économique (alimentation humaine), pour rendre certains services (introduction de gambusies dans de nombreux pays pour lutter contre les moustiques anophèles), ou à des fins ornementales, esthétiques, récréatives ou culturelles (le Silure glane a été introduit pour la pêche de loisir).

La Carpe commune, une espèce exotique envahissante
La Carpe commune, une espèce exotique envahissante très ancienne ©wikicommons

Certaines de ces introductions sont anciennes et représentent aujourd’hui des espèces exotiques envahissantes majeures : c’est le cas de la Carpe commune, introduite à partir du Danube il y a 8000 à 10000 ans, qui s’est répandue dans toute l’Europe continentale au Moyen Âge, principalement grâce à l’aquaculture pratiquée par les moines.

Quelles espèces exotiques envahissantes à Grand-Lieu ?

Depuis le 20ème siècle, le lac de Grand-Lieu n’a pas été épargné par l’arrivée et l’installation d’espèces exotiques envahissantes ; ces invasions biologiques se sont même accélérées depuis les années 2000. Voici quelques espèces exotiques envahissantes majeures à Grand-Lieu.

Le Ragondin, une espèce exotique envahissante à Grand-Lieu
Ragondin ©Pixabay

Le Ragondin

Originaire d’Amérique du Sud, il a été introduit en Europe pour sa fourrure et est arrivé à Grand-Lieu dans les années 1960-1970. Consommateur de plantes aquatiques, il a fortement contribué à la disparition de certaines d’entre elles ; il est également vecteur de la leptospirose.

Les jussies, des espèces exotiques envahissantes à Grand-Lieu
Jussie ©MDL

Les jussies

Ces plantes aquatiques ont été introduites en France métropolitaine au 19ème siècle afin de décorer les bassins d’ornement des jardins botaniques. Très adaptables à différents milieux, elles ont rapidement colonisé une grande partie du pays et sont présentes à Grand-Lieu depuis la fin des années 1990. Leur développement est favorisé par l’eutrophisation du lac et les températures clémentes dues au réchauffement climatique. Elles ont colonisé les prairies humides et mettent en difficulté les éleveurs de bétail, car elles réduisent la biodiversité et diminuent la qualité nutritionnelle des prairies exploitées pour l’élevage extensif.

L'Ibis sacré, une espèce exotique envahissante à Grand-Lieu
Ibis sacré ©MDL

L’Ibis sacré

Originaire d’Afrique sub-saharienne, il a été introduit en France au cours des années 1980 et 1990 par le biais d’une population laissée libre d’évoluer au parc zoologique de Branféré, dans le Morbihan. La première nidification à Grand-Lieu remonte à 1993, les effectifs ayant ensuite fortement augmenté, pour atteindre un maximum de 815 nids en 2009. L’espèce représente un danger notamment pour les oiseaux nichant au sol dans les prairies humides (limicoles, guifettes, foulques et canards)6.

L'Écrevisse de Louisiane, une espèce exotique envahissante à Grand-Lieu
Écrevisse de Louisiane ©SNPN

L’Écrevisse de Louisiane

Originaire du nord du Mexique et du sud-est des États-Unis, elle est apparue à Grand-Lieu à la fin des années 1990 et le nombre d’individus est monté en flèche en moins de 10 ans. Elle a littéralement envahi le lac ! Elle se nourrit massivement de la flore et de la microfaune aquatique des petits canaux des pré-marais et des herbiers flottants. Avec ses pinces puissantes, elle creuse facilement des terriers et galeries, favorisant l’érosion des berges. L’écrevisse a favorisé le développement de plusieurs grands échassiers, représentant pour eux une ressource alimentaire très abondante. La population de Spatules blanches a ainsi été multipliée par 10 entre 2000 et 2019 !7

Le suivi et la gestion de ces espèces exotiques envahissantes à Grand-Lieu est l’une des missions majeures de la Société nationale de protection de la nature (SNPN), association gestionnaire de la Réserve naturelle nationale du lac de Grand-Lieu.

Le réchauffement climatique : un accélérateur pour le développement des espèces exotiques envahissantes

Le réchauffement climatique peut faciliter ou accélérer certaines invasions biologiques car les espèces exotiques envahissantes peuvent être avantagées dans des milieux fragilisés.

C’est le cas, notamment, du Moustique tigre, qui a récemment fait parler de lui en Loire-Atlantique : l’augmentation des températures allonge sa période d’activité, étend son aire de répartition vers le nord, accélère son cycle de vie et écourte le délai avec lequel il devient infectieux pour l’homme lorsqu’il est porteur de virus responsables de la dengue ou du chikungunya. Originaire des forêts du sud-est asiatique, il a été observé pour la première fois en France en 2004. Cette espèce aux capacités de déplacement limitées s’est retrouvée en Europe et aux Etats-Unis via le commerce international des pneumatiques usagés.

Le Moustique tigre, espèce exotique envahissante favorisée par le changement climatique
Le Moustique tigre, une espèce exotique envahissante favorisée par le changement climatique ©wikicommons

L’Europe est particulièrement concernée par l’impact du changement climatique sur le développement des espèces exotiques envahissantes. En effet, le réchauffement climatique favorise et intensifie la fréquence des évènements climatiques extrêmes. La conséquence : une fragilisation des écosystèmes et communautés indigènes, au profit d’espèces introduites en métropole au cours d’inondations ou à la faveur de l’accroissement des feux de forêts8.

Pour préserver la vie sauvage, chacun peut agir !

Chaque année, le 3 mars, on célèbre la Journée mondiale de la vie sauvage. Cet événement mondial a pour objectif de sensibiliser le public à l’importance de la faune et de la flore sauvage et à la nécessité de les préserver. À l’échelle gouvernementale, des législations ont été adoptées afin de réglementer et limiter le mouvement des espèces.

Chacun et chacune peut également agir à titre individuel !

  • En s’informant : c’est exactement ce que vous êtes en train de faire en lisant cet article, bravo ! 😃
  • En partageant l’information avec ses proches.
  • En agissant de manière responsable: par exemple, en évitant d’adopter des animaux de compagnie exotiques, tels que la Tortue de Floride ou le Xénope lisse. Si l’on en possède un, il faut absolument éviter de les relâcher dans la nature.
  • En devenant sentinelle avec l’application INPN Espèces, outil de connaissance de la biodiversité française qui permet notamment de signaler la présence d’une espèce exotique envahissante.
 
Retrouvez d’autres idées d’actions dans le webdocumentaire sur les espèces exotiques envahissantes créé par l’Office français de la biodiversité (OFB) !
Deux Grandes Aigrettes au lac de Grand-Lieu
Le lac de Grand-Lieu, un fabuleux réservoir de biodiversité !

Sources

1 IPBES Invasive Alien Species Assessment, 4 septembre 2023.

2 Sala, O. E. et al. (2000) Biodiversity – Global biodiversity scenarios for the year 2100. Science 287 (5459) : 1770–1774.

3 Vörösmarty, C. J. et al. (2010) Global threats to human water security and river biodiversity. Nature 467 (7315) : 555–561.

4 Sala et al, 2000 ; voir Pyšek et al, 2010a.

5. Pyšek, P. et al. (2010a) Contrasting patterns in the invasions of European terrestrial and freshwater habitats by alien plants, insects and vertebrates, Global Ecology and Biogeography 19 (3) : 317–331.

6 (Reeber, 2021 Suivi ornithologique du lac de Grand-Lieu en 2020-2021).

7 Gilier & Reeber, 2018, Plan de gestion de la réserve naturelle nationale du lac de Grand-Lieu 2018-2027.

8 UICN et OFB , Espèces exotiques envahissantes et réchauffement climatique, 2022.

 

Pour aller plus loin

Francis, R. (2012) A Handbook of Global Freshwater Invasive Species

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