En hiver, Grand-Lieu triple sa superficie et devient ainsi le plus grand lac de plaine français ! C’est au Pavillon que l’on prend la mesure de cette immensité, alors que l’eau monte jusqu’au bâtiment et recouvre les prairies humides. Le temps semble figé sur ce miroir d’eau immaculé, tandis qu’une lumière blanche et des couleurs froides remplacent la douceur du doré de l’automne. Une impression de calme règne sur le lac de Grand-Lieu en hiver, mais ne vous y fiez pas : toute une vie continue de s’y agiter !
![Le lac de Grand-Lieu en hiver](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/lac_grand_lieu_hiver©MDL-2048x916.jpg)
Les Anatidés profitent d’un repos bien mérité !
Le lac de Grand-Lieu est connu pour ses oiseaux, notamment ses nombreux canards. C’est d’ailleurs pour les chasser que Jean-Pierre Guerlain fit bâtir son pavillon de chasse au bord du lac, en 1960.
Sur la zone centrale du lac, des dizaines de milliers de canards viennent passer l’hiver. Au mois de janvier, les espèces dominantes sont le Canard souchet (5067 individus), la Sarcelle d’hiver (4812 individus) et le Fuligule milouin (1576 individus). Classé site Ramsar, zone humide d’importance internationale, le lac regroupe au moins 1% des individus de la population mondiale pour le Canard chipeau (1430 individus), le Canard souchet et le Fuligule milouin.
![La Sarcelle d'hiver est un canard qui passe l'hiver sur le lac de Grand-Lieu](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/sarcelle-hiver_male©flickr-1200x900.jpg)
![Fuligule milouin](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/fuligule_milouin_male©wikicommons.jpg)
![Le Canard chipeau vient passer l'hiver au lac de Grand-Lieu](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/canard_chipeau_male©flickr.jpg)
Malheureusement, ces dernières années, le nombre de canards à Grand-Lieu diminue. Le réchauffement climatique a tendance à déplacer les aires de répartition des canards vers le nord : ainsi, les fuligules pourraient se raréfier à Grand-Lieu. Les canards souchets, dont la grande majorité hivernait au sud de Grand-Lieu dans les années 1990, sont de plus en plus nombreux sur le lac. Si le réchauffement climatique continue, ce canard pourrait hiverner au nord de l’Europe et donc se raréfier à Grand-Lieu. A l’inverse, si le Canard pilet suit cette même tendance, il pourrait devenir plus abondant localement.
![Canard souchet en vol](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/canard_souchet_male©wikicommons-1200x900.jpg)
![Canard pilet en vol](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/canard_pilet_male©wikicommons-1200x900.jpg)
La dégradation de l’habitat des canards pourrait également être responsable de la baisse des effectifs. L’envahissement des prés-marais par la jussie, plante exotique, contribue à la disparition des plantes locales dont les graines constituent l’une des principales sources de nourriture des canards hivernants.
Les étourneaux font leur show sur le lac de Grand-Lieu !
![L'hiver, la Mouette rieuse vient dormir sur le lac de Grand-Lieu](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/Mouette-rieuse©MDL-1200x1200.jpg)
En hiver, les mouettes et les goélands viennent dormir en colonies sur les eaux libres. Avec plus de 19 000 individus, les Mouettes rieuses préfèrent le calme du lac à l’agitation du littoral. En « version automne-hiver », elles n’ont plus la tête noire mais juste une petite tache brune près de l’œil, sur un plumage blanc.
Pendant que les canards et les mouettes constellent les eaux de surface, un impressionnant spectacle aérien se déroule dans le ciel ! Durant l’hiver, les Étourneaux sansonnets locaux sont rejoints par des populations d’étourneaux en provenance d’Europe du Nord et de l’Est. Observez le ciel au coucher du soleil : peut-être apercevrez-vous des centaines de milliers d’individus réaliser une chorégraphie, aux mouvements aussi étranges que poétiques, et en synchronisation parfaite. Ce sont les murmurations (« agrégations », en français). En se rassemblant, les étourneaux se protègent des prédateurs et peuvent alors regagner, en sécurité, leur dortoir dans les roselières boisées. Une fois l’aube venue, ils se dispersent pour partir à la recherche de nourriture.
Qui passe l’hiver en famille au lac de Grand-Lieu ?
![Foulque macroule](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/foulque_macroule©wikicommons-1200x900.jpg)
Les foulques macroules, qui ne sont pas des canards 😉, se regroupent également sur le lac. Les rivalités et défenses de territoires reprendront seulement au printemps. Par temps froid, place à la grégarité et à la vie en communauté !
![Sanglier au lac de Grand-Lieu](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/sanglier©flickr-1200x900.jpg)
Présents en grand nombre aux abords du lac, les sangliers apprécient également s’y promener en famille. Il n’est alors pas rare de les voir nager en harde constituée de femelles et de leurs progénitures.
De novembre à janvier, c’est d’ailleurs la période d’accouplement des sangliers.
![Le brochet se reproduit à Grand-Lieu, à la fin de l'hiver](https://maisondulac-197c6.kxcdn.com/wp-content/uploads/2024/12/Esox_lucius_brochet©wikicommons-1200x900.jpg)
Eh oui, toutes les espèces ne s’accouplent pas au printemps !
C’est notamment à la fin de l’hiver que se reproduit le brochet. L’augmentation des niveaux d’eau donne le top départ aux femelles qui vont frayer dans la végétation submergée. Le brochet repère ses sites de reproduction grâce aux variations de température et d’odeur entre les zones recouvertes d’eau de façon permanente et celles qui le sont de façon temporaire (les prairies inondables).
Depuis plus de 20 ans, l’espèce décline à cause de la disparition des prairies inondables et des herbiers aquatiques, de l’aménagement et la pollution des cours d’eau ainsi que de la surpêche.
Le lac de Grand-Lieu en hiver semble « en pause ». À partir de février-mars, il retrouve son effervescence avec le grand chassé-croisé des oiseaux migrateurs !
Références :
- L’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) : https://inpn.mnhn.fr/accueil/recherche-de-donnees/especes/
- Harvey B (2009) A biological synopsis of Northern Pike (Esox lucius). Manuscr. Rep. Fish. Aquat. Sci., 2885, 31p.
- Gilier JM & Reeber S (2018) Plan de gestion Réserve naturelle nationale du Lac de Grand-Lieu 2018-2027. SNPN 345p.
- Reeber S (2023) Présentation des résultats des suivis de l’avifaune du lac de Grand-Lieu par la SNPN en 2022 et en 2023. SNPN.
- inpn.mnhn.fr
- lpo.fr