Saviez-vous que les zones humides abritent 40% des espèces de la planète ? Mangroves, lacs, marais, tourbières… Ce sont des écosystèmes aussi riches que leurs formes sont diversifiées ! À la fois éponges, filtres et habitats, les zones humides ont de nombreuses fonctions. Découvrons ces super-pouvoirs… qui nous rendent de super-services !
Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Commençons par le commencement : qui dit « zone humide », dit… eau, bien sûr ! L’eau est un élément essentiel au fonctionnement d’une zone humide, mais aussi au développement de la vie animale et végétale dans ce milieu.
Selon la Convention de Ramsar de 1971, les zones humides sont des « étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres. »
Mangroves, récifs coraliens, cours d’eau, lacs, mares et prairies humides font également partie des zones humides. Ces milieux riches et pluriels représentent moins de 10% des terres émergées !
Vous l’aurez compris, ce qui caractérise une zone humide, c’est la présence d’eau… mais attention, selon le type de zone humide ou selon la période de l’année, on ne la voit pas forcément ! Par exemple, sur les prairies humides inondables, l’eau n’est visible qu’en automne et en hiver. Au-delà de la présence d’eau, on peut alors reconnaître une zone humide à la présence de plantes qui lui sont inféodées, telles que les iris des marais ou les salicaires.
Les super-pouvoirs des zones humides
« Wonderwater », c’est le nom de super-héroïne que l’on aimerait donner aux zones humides tant leurs pouvoirs sont grands et essentiels à toute vie sur Terre !
Les zones humides possèdent trois fonctions majeures : une fonction hydrologique, une fonction biogéochimique et une fonction biologique. Découvrez en quoi consistent concrètement ces fonctions et les services qui en découlent.
1. La fonction hydrologique des zones humides
🔥 Super-pouvoir associé : les zones humides agissent comme des éponges ! C’est-à-dire qu’elles ont la capacité de retenir l’eau, ou de la restituer.
Les zones humides servent de réservoirs d’eau intermédiaires entre la nappe phréatique et la rivière.
En hiver, telle une éponge qui se gonfle, la zone humide et la nappe phréatique se rechargent de l’eau des rivières et des pluies : en cas de fortes averses, elles permettent ainsi d’éviter les inondations.
À l’inverse en été, période de basses eaux ou d’étiage, la zone humide et la nappe restituent l’eau, comme une éponge que l’on presserait : elles permettent ainsi de lutter contre les sécheresses.
Pour conserver ses capacités de rétention d’eau, une zone humide doit être suffisamment grande et perméable. Or, les surfaces des zones humides diminuent fortement dans le monde. Entre 1960 et 1990, la France a ainsi perdu plus de la moitié de ses zones humides !
L’expansion des terres cultivées, le développement urbain et les infrastructures de transport de plus en plus nombreuses créent une artificialisation toujours plus grande des sols. Cette artificialisation empêche l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol, ce qui la fait ruisseler alors plus vite vers les rivières. La perte de zones humides accroît les inondations, favorise l’érosion des sols et augmente les sécheresses.
2. La fonction biogéochimique des zones humides
🔥 Super-pouvoir associé : les zones humides agissent comme un rein ou un filtre ! C’est-à-dire qu’elles ont la capacité de nettoyer l’eau qu’elles reçoivent, à l’image de nos reins qui filtrent le sang afin d’en éliminer les déchets.
Grâce à la végétation, les zones humides piègent ainsi :
- les matières en suspension (sédiments, particules fines) ;
- les molécules azotées et phosphorées, issues essentiellement des eaux domestiques et de l’agriculture (élevage et fertilisation des terres) ;
- et certains polluants, comme les pesticides.
Nettoyée, l’eau est alors plus propre en aval de la zone humide qu’en amont.
Attention, néanmoins, les capacités de filtration des zones humides ne sont pas infinies ! Les rejets issus des activités humaines s’intensifient, ce qui augmente la quantité de polluants rejetés dans les zones humides. Ces dernières ne peuvent plus dépolluer la totalité des eaux : le filtre est saturé. Ces pollutions entrainent alors la dégradation de la qualité de l’eau, menaçant ainsi la biodiversité et la santé humaine. Par exemple, le lac de Grand-Lieu souffre du phénomène d’eutrophisation.
3. La fonction biologique des zones humides
🔥 Super-pouvoir associé : les zones humides constituent des habitats pour de très nombreuses espèces.
En effet, les zones humides jouent un rôle essentiel de réservoir de biodiversité : alors qu’elles recouvrent moins de 7% de la surface terrestre, près de 40% des espèces de la planète y vivent ou s’y reproduisent, dont 50% des oiseaux et 100% des amphibiens !
Ces milieux sont aussi fréquentés par de nombreuses espèces habitant dans des milieux plus secs, comme c’est le cas autour du lac de Grand-Lieu, par exemple.
Mais la dégradation des zones humides provoque un appauvrissement de la biodiversité. Certaines espèces souffrent et disparaissent, tandis qu’un quart d’entre elles est menacé d’extinction. D’autres en profitent pour se développer, mais peuvent être à l’origine d’invasions biologiques qui perturbent l’équilibre préexistant : elles deviennent alors des Espèces Exotiques Envahissantes.
Les zones humides, des pièges à carbone
En plus de toutes ces fonctions, les zones humides sont également des milieux essentiels pour lutter contre le changement climatique. Eh oui, elles sont capables de stocker nos émissions de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre !
En effet, lors de leur photosynthèse, les plantes absorbent le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère pour le transformer en sucre, source d’énergie. Lorsque les plantes des milieux aquatiques meurent, comme les tourbières et les mangroves, le dioxyde de carbone qu’elles ont stocké n’est pas relargué dans l’atmosphère : il reste piégé dans l’eau. Qui a dit que la nature était bien faite ? 😉
Super-éponges permettant de lutter contre les inondations et les sécheresses ; super-filtres permettant d’améliorer la qualité de l’eau ; super-habitats pour 40% des espèces vivantes : les super-pouvoirs des zones humides rendent de super-services à l’homme et à la planète !
Mais ces milieux sont aussi essentiels que menacés : face au changement climatique, il est urgent de protéger les zones humides ou de les restaurer !
Références
- https://www.ofb.gouv.fr/les-zones-humides
- https://www.zones-humides.org
- https://forum-zones-humides.org/